Sang purifié

Chapitre premier : La conversion

Depuis des générations, ma famille, celle des Xarann, a choisi de se différencier des autres de mon espèce en préférant la paix et la tolérance à la haine, le meurtre, et bien d'autres sentiments et actes affreux. Cependant, nous sommes une minorité de pacifistes. Les elfes noirs sont nombreux et la plupart sont fidèles à Lolth, déesse araignée, et ont juré de tuer ou de convertir les félons, les infidèles et les incrédules de notre race.

Nous sommes donc partis dans les montagnes dés que je fût en âge de partir dans le froid et la neige. Néanmoins, nous ne savions pas que certains groupes d'elfes noirs trouvaient refuge contre la lumière dans des alcôves taillées à même le roc. C'est pourquoi, ma famille périt dans les montagnes. Et moi qui était couard et crédule, et ayant peur de la mort, je me convertis au vol et à la manipulation des armes blanches.

J'étais devenu un traitre pour les miens, mais j'avais toujours ce sentiment de haine envers les meurtriers de ma famille malgré ma conversion. Cependant, mes proches n'ont pas obéi à Lolth et ils sont punis là où ils sont.

Chapitre second : Témoignage racial

Un cousin éloigné habite dans une grotte dans la forêt de dunes. Un compagnon des montagnes me l'a dit. Il se doutait qu'il était de ma famille, il se nommait Ath'lor Syneim. Je parti donc vers l'est en direction des bois et je savais que je quittais ces montagnes à jamais car ma haine pouvait exploser à tout moment en leur compagnie.

Pendant ma route, une chose étrange se produit. Mes mains lisses et violacées se changèrent en longues pattes noires et velues, tandis que mon ventre devint un abdomen luisant et poilus. Mes jambes se transformèrent de la même façon que mes mains et quatre autres membres sortirent de mon corps en déchirant ma peau pour être jumeaux à mes mains et à mes pieds. La transformation en cet arachnide ne me fit pas peur. Je me sentais plus proche de ma déesse, plus fort et plus robuste. Ma haine envers ces elfes montagneux avait totalement disparu et j'étais certain d'avoir choisis, pas seulement le bon camp, mais aussi celui qui m'était destiné. Ayant compris toutes ces choses sous ma forme arachnéenne, je vis Lolth elle-même, me délivrer de cette apparence. Mais elle me dit que cette forme animale reviendrait tôt ou tard.

Elle m'expliqua qu'elle m'avait mordu secrètement à la naissance et que je pourrais tirer avantage de ces pouvoirs pendant mon long voyage vers la forêt de dunes.

Chapitre troisième : Paysage familier

Cela faisait huit longues heures que je marchait vers l'est sans aucune autre rencontre que la déesse d'une mauvaise pureté, d'une obscure clarté. Je continuai donc mon chemin dans les plaines de poussière. Le jour commençait à se lever : les elfes noirs voyagent de nuit et l'aube nous averti de la cécité momentanée que peut provoquer l'astre diurne. Il me fallait donc me presser d'arriver dans la forêt de dunes afin d'apaiser les rayons du soleil.

Après quelques minutes de course, je vis au loin une meute de créatures au teint sombre presque ramper vers moi à une vitesse impressionnante et sortant de la forêt telle une nuée noire et sinistre.

Pris de terreur et d'épouvante, je sentis en moi une chose étrange, une force puissante, que je ne puis maitriser. Je reconnus cette puissance jaillissante quand mes bras prirent une forme noire et velue, que mon anatomie toute entière prit l'aspect de mon ennemi approchant. Et, devenant leur semblable, celles-ci se détournèrent de moi. Je les suivis sous cette apparence car la forêt est plus calme quand la carrure est plus éloquente.

Lolth avait donc raison, cette métamorphose me fut utile et ce n'était sûrement pas la dernière fois. J'étais arrivé dans la forêt de dunes, mais encore me fallait-il trouver cette grotte cachée.

Chapitre quatrième : Langue claquante

Les brindilles inertes ne craquaient point sous mes membres. Malgré mon abdomen pesant, je pouvais me déplacer, certes quelque peu sournoisement, mais aussi subrepticement. La forêt était bruyante et cela m'inquiétais quelque peu. Durant ma vie mouvementée, j'ai pus comprendre dans cette phrase si connue : "Le calme avant la tempête" que, même si le calme n'est pas au rendez-vous, la tempête, elle, l'est.

En effet, après quelques minutes de recherche, je perçus des sifflements subtils aux alentours de là où je me trouvais. Quand j'aperçus des serpents glisser leur long ventre visqueux vers moi avec un regard égal pour tous, un regard dominateur et vicieux. Ils communiquèrent avec moi en sifflements et, à ma grande surprise, je les compris. Ils voulaient savoir si je connaissais leur langage. Je voulus leur répondre que oui, mais un sifflement plus strident et plus puissant que les autres sortit hâtivement de ma bouche en claquant l'air. Après ce cri intimidant, les reptiles visqueux s'en allèrent lentement et je repris ma forme initiale.

Quand je me retournai pour continuer mon expédition, un elfe au teint violacé se tint devant moi disant : "Tu dois être le Serpent Eloquent, viens te joindre à nous, nous t'attendions." J'hésitai quelques moments, puis finis par le suivre sans aucune conviction.